L'hymne du câlin
René était nostalgique ce soir là, il était au coin du feu, un verre de whiskey des îles à la main, et il pensait "au bon vieux temps". Russule était montée sur ses genoux, et sous les caresses "du patron", elle se mit sur le dos afin de se faire gratouiller le ventre en poussant des soupirs de satisfaction.
Le Phénix repensait à cette époque où il était entouré de gamins. René adorait les enfants. Il se remémorait les séances placides d'échanges tacites d'amour entre père et fils. Ils aimaient tous se lover dans des fauteuils anglais, marron chocolat en velour côtelé, muni d'une armature de bois et dont l'inclinaison du dossier pouvait se régler à l'aide d'une barre cylindrique en métal (peut-être du laiton ?). Ils étaient tous au coin du feu, dans le grand salon de la maison familiale de Paradis sur Mer, un charmant village en pleine campagne.C'est ainsi que Monsieur de Sescendres berçait ses "petits légumes" contre son coeur - qui battait si lentement qu'il rassurait le moindre petit être qui l'entendait - en chantonnant son hymne du câlin : "Gros caca, gros câlin, gros caca, gros câlin".
Pour René, l'heure des câlins et des échanges tacites était fini. Il n'avait plus la clé pour accéder à l'intimité de ses petits rejetons devenus grands, vide qu'il espérait combler en devenant grand-père...